La situation des Africains et Afro-descendants en France (1650-1850)
L’esclavage ayant été interdit en France par le roi Louis X le Hutin en 1315, la situation était très claire lorsque Louis XIV développa l’esclavage au colonies (vers 1650) : tout individu né sur le sol de France est en principe sujet du roi, sans distinction de couleur. Ceux qui sont nés à l’étranger (ou dans les colonies) ne peuvent devenir français que par « lettres de naturalité » s’ils ne sont reconnus par un père français. Français ou pas, la condition d’esclave ne leur est pas applicable.
Pour les Français « de couleur », il n’existe sous l’ancien régime aucune limitation des droits jusqu’en 1777, date à laquelle des lois racistes sont mises en vigueur : interdiction d’entrer sur le territoire pour les « noirs et autres gens de couleur » et, pour ceux qui y sont déjà : obligation de se faire recenser et, à partir de 1778, interdiction de se marier avec des Français européens. Cependant, l’accès à la noblesse et aux charges ne sont pas interdites : ainsi le chevalier de Saint-George eut-il des privilèges équivalents à celui d’un jeune noble parce qu’il était considéré comme un enfant reconnu par son père, donc sujet du roi.
Pour les personnes n’ayant pas la qualité de sujets du roi de France (nées à l’étranger) les choses étaient plus compliquées. En 1716, un édit admis qu’on pouvait être esclave sur le territoire français, mais à condition d’être « nègre » et pas plus de trois ans. Il fut confirmé en 1738 avec obligation de recensement pour les « nègres et autres gens de couleur » esclaves auquel il était interdit de se marier avec des Français européens. Cet édit était diversement appliqué par les tribunaux. Le parlement de Paris, frondeur par tradition, s’en tint au principe de la liberté et affranchit de nombreux esclaves dont Pampy et Julienne (1776) et avant eux Jean Boucaud (1738).
Les « nègres et autres gens de couleur » furent nombreux à Paris sous l’ancien régime (plusieurs milliers), généralement domestiques ou assimilés, à la cour et dans la très haute société, comme Zamor et Jean Amilcar, mais parfois militaires, artisans ou boutiquiers.
Outre les princes africains tels Zaga Christ ou Aniaba, et les diplomates, il y eut plusieurs cas, outre Saint-George, de « fils (ou filles) de famille », généralement créoles, vivant de manière aristocratique ou bourgeoise : dont le général Dumas, Lethière, Julien Raimond. Il convient également de mentionner la Mauresse de Moret et Ourika.
La loi du 16 octobre 1791 normalisa les choses jusqu’en 1802-1803 où l’on revint de fait à la situation de 1777 (interdiction d’entrer sur le territoire, interdiction des mariages « mixtes »).
Il semble que la situation se libéralisa vers 1820 et devint à peu près normale après 1848.
Une réaction au sujet de « La situation des Africains et Afro-descendants en France (1650-1850) »
Comme vous dites si bien « à peu près normal »…