Le général Dumas (1762-1806)
Né esclave le 25 mars 1762 près de Jérémie, dans la partie française de l’île de Saint-Domingue (depuis république d’Haïti), arrivé en France à l’adolescence, le général Dumas se lia avec le chevalier de Saint-George. Engagé à 24 ans comme simple cavalier dans la Reine-Dragons (ensuite 6e Dragons) sous le pseudonyme d’Alexandre Dumas, il s’est particulièrement illustré pendant la Révolution. Son amitié avec trois camarades (Piston, Espagne et Carrière de Beaumont, tous trois futurs généraux de cavalerie) inspirera Les Trois Mousquetaires.
La bande-annonce du film de Claude Ribbe Le Diable noir avec Stany Coppet
En 1793, Dumas devient, avant Toussaint-Louverture, le premier général français d’origine africaine, après avoir été lieutenant-colonel au 13e Chasseurs, unité formée de volontaires afro-caribéens et placée sous le commandement d’un ami : le célèbre chevalier de Saint-George.
En 1794, en compagnie de ses trois camarades, il conduit l’armée des Alpes à la victoire en reprenant aux Austro-Sardes les cols du Petit-Saint-Bernard et du Mont-Cenis. Pour ces exploits, le général Dumas avait eu l’idée d’équiper de crampons et de semelles de bois les soldats de l’an II, créant ainsi le corps des « chasseurs de la montagne » aujourd’hui connus sous le nom de Chasseurs alpins.
Nommé commandant en chef de l’armée de l’Ouest, le général Dumas, bien qu’ardent républicain, fit d’une autre manière honneur à l’armée française en refusant d’exécuter les ordres de la Convention qui lui enjoignait secrètement de rayer de la carte le département de la Vendée. Il présenta, au péril de sa vie, sa démission en ces termes : « Ce que vous me demandez dépasse mes compétences militaires. Je vous prie d’être délivré de ce fardeau. »
À cause de ce geste, on appela parfois le général Dumas « Monsieur de l’Humanité ».
Après avoir combattu, aux côtés de Bonaparte, l’insurrection royaliste de Vendémiaire, il s’illustra dans l’armée d’Italie notamment au pont de Brixen où, seul contre un régiment de cavalerie autrichien, il défendit au sabre le drapeau tricolore et le cadavre de son cheval tué sous lui, laissant sur place plus de 10 ennemis, ce qui lui valut de Bonaparte le surnom d’ « Horatius Coclès du Tyrol» et des Autrichiens celui de « Diable noir ».
Commandant de la cavalerie française durant l’expédition d’Egypte, le général Dumas s’illustra encore durant la bataille des Pyramides.
Détenu pendant un an dans les geôles du roi de Naples, où il subit les sévices qu’il ne supporta jamais qu’on inflige à ses prisonniers de guerre, le général Dumas rentra diminué chez lui, à Villers-Cotterêts (Aisne).
Il fut mis à la réforme et mourut en février 1806, suite aux blessures de ses campagnes, après avoir refusé de participer à l’expédition de Saint-Domingue destinée à rétablir l’esclavage.
Mort sans récompense, ni pension, ni décoration (on lui refusa la légion d’Honneur et elle lui est toujours refusée, même à titre posthume) il laissa un orphelin de 3 ans. qui devait plus tard reprendre ce nom d’Alexandre Dumas et l’immortaliser à travers de célèbres romans.
Le petit-fils du général Dumas, écrivain lui aussi, membre de l’Académie française, sera l’auteur de La Dame aux Camélias.
Le nom du général Dumas est gravé sur l’Arc de Triomphe de Paris.
À l’initiative de l’écrivain Claude Ribbe, auteur de plusieurs ouvrages concernant le général Dumas (Alexandre Dumas le dragon de la Reine, L’expédition, Le Crime de Napoléon, Une Autre Histoire, Le Diable noir, réédité le 6 mai 2021 sous le titre Le général Dumas, éditions Tallandier) et d’un film sur le général Dumas (Le Diable Noir France 3, 2009) un monument, réalisé en 2009 par le plasticien Driss Sans-Arcidet, lui est dédié à Paris, place du général-Catroux, en remplacement d’une statue d’Alphonse de Montcel de Perrin, érigée en 1913, mais abattue sous l’Occupation.
C’est devant ce monument que, depuis 2009 est commémorée à Paris, tous les 10 mai à 18 h, l’abolition de l’esclavage.
En février 2021, le conseil de Paris, unanime, a voté pour que la statue du général Dumas soit réinstallée à l’identique à Paris, place du général-Catroux