Romaine « la Prophétesse »
Romaine « la Prophétesse » n’est pas une femme, comme on pourrait le croire. C’est le surnom que s’était donné à un résistant haïtien à l’esclavage, Romaine Rivière. Il était originaire de la partie espagnole de Saint-Domingue.
Romaine « la Prophétesse » réussit à soulever, de l’été 1791 au printemps 1792, une armée de 15 000 rebelles, au sud de la colonie française dans les régions de Jacmel et de Léogane, un port dont il prit le contrôle et qu’il réussit à bloquer.
Se disant possédé par la vierge Marie, et en télépathie avec elle, Romaine « la Prophétesse » suscita l’enthousiasme parmi les esclaves nés en Afrique – notamment au Congo où les Portugais avaient introduit au 15e siècle le christianisme – par des sermons où il déclarait que Jésus était en fait un Africain, né au Congo, que la vierge Marie était une esclave Africaine mise en esclavage, et qu’elle appelait au massacre des « blancs ».
Le succès des sermons de Romaine « la Prophétesse » était notamment dû au fait qu’ils n’étaient pas sans rapport avec la prophétesse Béatrice Kimpa Vita, une mystique qui vécut au royaume du Kongo (Angola) au début du XVIIIe siècle, très populaire parmi les esclaves « bossales » (importés d’Afrique et non pas nés dans la colonie comme les esclaves « créoles »).
Du fait de son mysticisme, l’importance de Romaine « la Prophétesse » a été, à tort, minimisée dans l’historiographie de la révolution haïtienne, au cours de laquelle les esclaves congolais – en utilisant des techniques de combat africaines – ont joué un rôle majeur. Beaucoup de ces esclaves étaient influencés par un christianisme qu’ils s’étaient réapproprié en faisant de Jésus un Africain.
Le mythe de la vierge Marie africaine peut être une des explications des vierges noires.