Maures

Maures

Maure (ou More) du grec Mauros et du latin Maurus, se dit des populations négroïdes peuplant anciennement le Maghreb et le Sahara, auxquelles se sont mêlées, par voie de conquête, à partir de l’âge de bronze (2e millénaire avant J.C.) des populations berbères, elles mêmes envahies au 7e siècle après J.C. par des »arabes »  (populations venues du Proche-Orient avec la diffusion de l’Islam).

« Tout nous montre qu’antérieurement à la colonisation romaine l’élément noir constituait la majeure partie de la population de cette région; les Berbères étaient ensuite arrivés par immigrations successives à des époques indéterminées, au milieu de cette population noire, eux qui étaient des blancs. »

Paul Atgier « Les Maures d’Afrique » in Bulletin et mémoires de la société d’anthropologie de Paris (1903).

L’arrivée des berbères, puis des arabes, rend parfois ambigu le terme de « maure », par lequel on désigne aussi des populations maghrébines à la peau claire.

Quoi qu’il en soit, l’ensemble des populations du Maghreb se métissèrent, à partir de la souche négroïde initiale, et les « maures » – dans toutes les acceptions du terme – sont des Afro-descendants.

Le sens du mot « maure » dans la langue française et les langues européennes classiques renvoie par ailleurs très explicitement les populations à la peau (très) sombre et négroïdes.

Ainsi la Mauresse de Moret, la « tête de Maure » figurant sur les blasons ou sur le drapeau corse qui évoque la période d’occupation de l’île par les Maures, le Maure du Louvre ou encore Othello, le Maure de Venise, la pièce de Shakespeare.

Qu’on en juge aussi par cet étonnant poème de Tristan L’Hermite publié en 1641 (La Lyre), qui coïncide avec le début de l’esclavage dans les colonies françaises et qui mériterait d’être étudié dans les lycées français.

 

La belle esclave more.

Beau Monstre (*) de Nature, il est vrai, ton visage

Est noir au dernier point, mais beau parfaitement :

Et l’ébène poli qui te sert d‘ornement

Sur le plus blanc ivoire emporte l’avantage.

Ô merveille divine inconnue à notre âge !

Qu’un objet ténébreux luise si clairement,

Et qu’un charbon éteint, brûle plus vivement

Que ceux qui de la flamme entretiennent l’usage !

Entre ces noires mains je mets ma liberté ;

Moi qui fus invincible à toute autre Beauté,

Une More m’embrase, une esclave me dompte.

Mais cache-toi, Soleil, toi qui viens de ces lieux

D’où cet Astre est venu, qui porte pour ta honte

La nuit sur son visage et le jour dans ses yeux.

 (*) « Monstre » au sens classique signifie « créature insolite, étrange, peu courante » (sans aucune acception péjorative).

 

Le terme de « Maure » désigne de toute évidence, dans son acceptation classique, les populations ayant un phénotype négroïde comparable à celui des populations négroïdes de Mauritanie.

La Chronique de Guinée (1453) de Gomes Eanes de Zurara – qui relate les premières expéditions esclavagistes menées par le Portugal – que les premiers Africains razziés, puis vendus au Portugal, furent des Maures et des Guinéens. Parmi les Maures, des Maures noirs de peau, d’autres plus clairs, et quelques-uns « presque blancs ».

Il est courant que, par négrophobie, la couleur de peau des Maures soit contestée, pour nier que des Afro-descendants, voire des Africains subsahariens, aient occupé la péninsule ibérique et le sud de la France, ce qui a nécessairement provoqué des métissages.

 

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