Combien y a-t-il d’Afro-Français ?

Combien y a-t-il d’Afro-Français ?

Combien y a-t-il d’Afro-Français ?

Cette question appelle trois remarques.

La première, c’est que les statistiques « ethniques » (autant dire raciales) sont interdites en France parce qu’elles seraient susceptibles d’alimenter le racisme en fichant les citoyens ou les résidents selon leur couleur (ce dont ne se prive peut-être pas pour autant la police, au moins sous le prétexte de mieux identifier les personnes recherchées…).

La seconde remarque c’est que la définition de l’Afro-Français pose problème. Si l’on retient le phénotype, on peut dire qu’on est un Afro-Français tant qu’on peut être perçu comme tel, grosso modo jusqu’à la troisième génération en cas de métissage à chaque génération.

Prenons l’exemple des Dumas. En considérant que Césette, la mère du général Dumas, était de la 1ère génération, que son fils (métissé du fait de l’union de Césette avec le marquis de La Pailleterie, euro-français) était de la 2e, et Alexandre Dumas (fils du général Dumas et d’une euro-française de Villers-Cotterêts) de la 3e, on remarque qu’Alexandre Dumas l’écrivain, du fait de son phénotype, était perçu comme un Afro-descendant, mais que tel n’était pas le cas de son fils (Alexandre Dumas fils) qui, blond aux yeux bleus, pouvait passer pour un euro-descendant (ce qui ne l’empêcha pas de s’affirmer afro-descendant, mais c’était là un choix).

La troisième remarque c’est qu’une autre question se pose : doit-on ou non compter parmi les Afro-Français les résidents non naturalisés (en règle ou pas).

Ces remarques étant faites, on peut estimer très approximativement qu’en France hexagonale, il y aurait au moins 1 200 000 Afro-Français originaires des Outre-mer français (environ 1/3 pour chaque génération), 10 000 Haïtiens, et 1 900 000 originaires d’Afrique subsaharienne (en tenant compte des non-naturalisés qu’ils soient en règle ou non) soit au total 3 110 000 Afro-Français pour la France hexagonale.

On peut ajouter à ce chiffre 1 200 000 Français afro-descendants résidant dans les Outre-mer et 40 000 Haïtiens.

Au total, sans doute au moins 4 350 000 Afro-Français soit environ 6,6 % de la population française.

Parmi ces Afro-Français, plus de la moitié de Français des Outre-mer ou originaires des Outre-mer, et de ce fait au moins 3,3% de descendants d’esclaves.

 

Une réaction au sujet de « Combien y a-t-il d’Afro-Français ? »

  1. Le petit paragraphe traitant la question des Afro-descendants par le métissage et le cas des Dumas m’a rappelé une nouvelle de Maupassant, « Boitelle ». L’histoire finit mal, mais il a bien dû y en avoir avec une fin plus heureuse. Combien de Français « de souche » seraient au final susceptibles d’avoir un ancêtre noir (ou gitan, arabe, asiatique) !

    La fameuse Jeanne Duval de Baudelaire ne devait pas être la seule Antillaise à Paris.

    Plus récemment j’ai appris que Vanessa Schneider, journaliste que l’on voit de temps à autres à la télé, avait une grand-mère ou arrière grand-mère Haïtienne. Elle est « typée » certes, mais pas beaucoup plus que certaines andalouses ou Italiennes du sud. Je doute que le fils caché d’Henri Salvador (dont je ne me rappelle plus le nom) et ses enfants revendiquent leur « négritude », mais le fait est qu’ils ont dans leur « sang » le passé de l’esclavage.

    Bien des Afro-descendants issus de différentes vagues d’immigration, qui ont eu des enfants avec des autochtones, ont parfois voulu, de leur fait personnel ou de celui de leurs descendants, effacer à tout prix cette origine de l’histoire familiale. Je ne dis pas que toute la population française compte parmi ses ancêtres un noir, mais il doit sûrement y en avoir plus que l’on croit. D’ailleurs avec tous les enfants légitimes et illégitimes des Dumas cela en fait déjà une petit paquet. Et puis comme il est dit dans l’article, pas ou très peu de fichage ethnique en France.

    Tiens, une connaissance d’enfance qui a une grand-mère algérienne fait maintenant partie de la jeunesse FN (candidat dans un des arrondissements de Paris !) et il se garde bien de faire connaître cette partie de ses origines. Ce que je ne conteste pas : un grand-parent, ma foi, c’est bien trop peu pour revendiquer une appartenance « ethnique » ou du moins culturelle.

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