L’exploitation esclavagiste des Africains par les Européens

L’exploitation esclavagiste des Africains par les Européens

L’histoire de l’esclavage et plus encore la volonté bien légitime pour les descendants d’esclaves de commémorer leurs ancêtres se heurte souvent à une rhétorique révisionniste tendant à comparer l’esclavage des Africains pratiqué par les Européens à partir du 15e siècle, avec d’autres formes d’esclavage, voire avec le servage.

Cette rhétorique tend à minimiser ce qui s’est passé et à revenir sur la reconnaissance, par la loi française, de la spécificité criminelle de cette pratique.

Qu’en est-il ?

Le servage personnel était aboli en France dès le 14e siècle.

Il est différent de l’esclavage.

Il définit la situation de certains paysans contractuellement attachés à une terre, qu’ils cultivent, qui appartient à une autre personne et qu’ils ne peuvent en principe quitter.

À la différence de l’esclave :

Le serf est reconnu comme une personne humaine et non pas comme un bien.

Il n’appartient pas à une autre personne.

Le serf ne peut donc être vendu, ni chassé de « sa » terre ni maltraité impunément.

Le serf a le droit de posséder des biens propres, d’aller en justice, et sous certaines réserves, d’hériter et de conclure des contrats.

Il va de soi que la condition de servitude personnelle avant le 14e siècle n’est pas fondée sur la couleur de peau.

Le servage réel (à bien distinguer du servage personnel, aboli en France, répétons-le dès le 14e siècle) a parfois subsisté au delà du Moyen âge. Il définissait la situation d’une terre servile relevant d’un seigneur.

La personne libre qui achetait une terre servile – sans acheter la seigneurie dont relevait cette terre- se trouvait par suite de cette acquisition dans une situation contractuelle de servage vis à vis du seigneur de cette terre au sens où il était redevable de certains impôts à ce seigneur et où il ne pouvait transmettre automatiquement la propriété de cette terre – qui ne lui était que concédée – à ses héritiers.

Le seigneur avait le droit de récupérer la « tenure » servile au décès de celui qui en était titulaire. On appelait ce droit le droit de mainmorte.

À la veille de la Révolution, le droit de mainmorte n’affectait que quelques milliers de paysans possesseurs de terres mainmortables (notamment les paysans dépendant de l’abbaye de Luxeuil, qui exerçait le droit de seigneurie, et qui se trouvaient encore mainmortables en 1778).

L’esclavage, quant à lui, semble avoir existé sur la plupart des continents de temps immémorial et en particulier dans l’Antiquité et durant le haut Moyen âge. Il existe encore, sous certaines formes, dans certaines parties du monde.

L’esclavage, courant dans l’Antiquité, a disparu en France dès le VIe siècle, sous l’influence du christianisme.

Mais là encore, l’esclavage antique et l’esclavage pratiqué durant le haut moyen âge ne sont nullement fondés sur la couleur de la peau ni sur l’extermination de l’esclave dans des tâches épuisantes limitant à quelques années sa durée de vie.

Ce qui distingue l’esclavage raciste pratiqué par les Européens à l’encontre des Africains du 15e au 19e siècle, c’est justement qu’il était raciste :

Il était fondé exclusivement sur la couleur de peau et ne visait qu’un seul continent.

Il niait l’appartenance de l’esclave à l’humanité.

Il reposait sur le principe que l’esclave, pour être rentable, devait être usé en cinq ans, ce qui supposait un travail forcé intensif et une nourriture limitée : c’est en ce sens que cette forme d’esclavage peut être qualifiée de génocidaire. Contrairement à ce qui est parfois soutenu, le maître n’avait aucun intérêt à ce que son esclave dure plus de cinq ans.

Il a été pratiqué pour l’essentiel dans des conditions agricoles particulièrement dures et non pas dans un cadre domestique ou militaire (comme ce fut par exemple le cas en Orient).

Il a été mis en oeuvre après des opérations de capture et surtout de transport particulièrement inhumaines et meurtrières.

Il a atteint une cadence inouïe : au moins 12 millions d’esclaves (certains parlent de 30 millions) déportés en 4 siècles, 30000 par an en moyenne.

Il s’est accompagné de sévices sexuels systématiques sur les femmes, mais aussi sur les hommes et les enfants.

Il s’est avéré d’une férocité et d’une cruauté particulières.

Il a été codifié.

Il a été aboli pendant 8 ans puis rétabli pendant 46 ans : une spécificité française.

Il a généré des théories racistes dont l’humanité ne parvient pas à se défaire.

Il est encore nié dans des pays qui l’ont pourtant pratiqué.

L’esclavage moderne, quant à lui, ne peut être comparé à l’esclavage d’extermination raciste et légal pratiqué par les Européens du 15e au 19e siècles, car il est illégal et pas nécessairement fondé sur le racisme ni sur l’usure rapide de l’esclave.

 

4 réactions au sujet de « L’exploitation esclavagiste des Africains par les Européens »

  1. L ‘esclavage dans l’Antiquité était le résultat de prises de guerre principalement. Sans qu’il y ait des expéditions de capture comme le firent Français et Hollandais aux 17e et 18e siècles.

  2. La négation ou la non-reconnaissance de l’esclavage des Africains participe d’une plus vaste falsification de l’histoire dont le point le plus marquant fut jusqu’à ce jour la négation de l’origine africaine de l’Égypte pharaonique et de l’origine réelle du peuple israélite de la Bible.

    Car de la détermination de la couleur des Egyptiens du temps des Pharaons dépend celle des descendants d’Abraham, d’Isaac et surtout de Jacob.

    Le jour où le groupe dominant (l’Occident) reconnaitra officiellement la couleur sombre de la peau des Pharaons, l’on devra nous expliquer pourquoi des juifs à la peau claire occuperaient la Palestine.

    Car s’ils venaient à reconnaitre que les Egyptiens étaient « noirs », tout en maintenant que les fils de Jacob seraient « blancs », comment expliqueraient-ils que dans la Bible, hors d’Egypte, l’on ait pris Moïse pour un Egyptien rien qu’en le voyant (Exode 2.19). Si Moïse avait une couleur de peau différente des Egyptiens, cette confusion aurait-elle été possible ? En vérité, il est capital pour les manipulateurs et falsificateurs que l’Egypte ne fût pas peuplée d’hommes à la peau noire. La création de L’Egyptologie ne répondait qu’à cet objectif : devancer toutes les recherches et établir des vérités sur mesure. Vous comprenez pourquoi l’on raclait la peau des momies et brisait le nez des statues.

    Par ailleurs, si l’on reconnait comme esclavage ce que les Africains ont subi, cela pourrait corroborer la thèse selon laquelle les israélites auraient eu la peau sombre. Car ce sont ceux qui sortirent d’Egypte qui, pour n’avoir pas respecté les prescriptions et les lois, sont livrés à l’esclavage, à l’asservissement et au pillage quatre cents ans durant par peuple de Babylone (l’Europe) jusqu’à leur libération au temps de la fin.
    Car il fut révélé à Abraham deux moments, les plus importants, de l’Histoire de ses descendants avant le rétablissement de toute chose (Genèse 15.13) :
    -« Tes descendants seront étrangers dans un pays qui ne sera point à eux; ils y seront asservis » : Cette période dura 430 ans et marque le début de la formation du peuple.
    – « On les opprimera pendant quatre cents ans » : c’est la seconde grande période de la vie de ce peuple qui fait suite à la désobéissance.

    La vérité donc est que ceux qui se prévalent de l’identité d’israélite devront prouver avoir séjourné en Egypte et être de même couleur que les Egyptiens de ce temps là. Ils devront en outre prouver avoir été faits esclaves et avoir subi 400 ans d’oppression de manière continue de la part du peuple qui devra hériter de la culture babylonienne à la fin des temps.

    Mais arrêtons nous là. Car nous touchons des points que n’aiment guère les intellectuels, surtout africains. Pour ces intellectuels, la Bible et les choses de Dieu ne sont-elles pas l’apanage de ceux qui se laissent berner et qui se refusent à combattre pour une liberté que l’Eglise contribua à confisquer à leurs ancêtres ? Et puis, la Bible, la religion chrétienne, tout cela ne relève-t-il pas de la culture occidentale ? C’est ce qu’il clameront, arc-boutés sur des préjugés qu’ils se refusent à remettre en cause et que la Bible d’ailleurs réfute clairement. Laissons donc à chacun ses présupposés et continuons de contester ces fragments de mensonges qui ne sont que la couche superficielle d’une plus grande imposture.

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