Le capitaine Vincent (1660-1780)

Le capitaine Vincent (1660-1780)

Le capitaine Vincent était le surnom donné à un Afro-descendant de Saint-Domingue (république d’Haïti) qui mourut en mars 1780, âgé de 120 ans, dans la paroisse de Sainte-Rose.

Vincent Ollivier une une longue vie et une vie trépidante.

Il était, au tout début de la colonisation française, l’esclave d’un aventurier, le sieur Ollivier.

Ollivier, comme les premiers Français installés à Saint-Domingue, était un boucanier qui avait besoin d’action.

L’occasion lui fut donnée en 1697. Louis XIV avait décidé de frapper un grand coup contre les Espagnols en s’emparant de la vile de Carthagène des Indes (Colombie). L’expédition devait partir de Saint-Domingue. On cherchait des volontaires. Si la ville était prise, c’était la fortune et la gloire pour avoir servi le roi.

Ollivier s’engagea dans la compagnie recrutée à Saint-Domingue par Joseph de Gallifet. Gallifet était assisté d’un corsaire, Jean-Joseph de Paty, qui prit la tête d’une seconde compagnie formée de 180 Afro-descendants libres.

Vincent était vigoureux et de très haute stature. Ollivier s’entendait bien avec son esclave qu’il traitait en associé. Il décida de l’emmener avec lui en campagne.

Vincent et son ancien maître s’embarquèrent en mars 1697 à Petit-Goave. Leur petite troupe renforçait une escadre de 7 vaisseaux et trois frégates, commandée par Jean-Bernard de Pointis, partie début mars de Brest et portant 1200 soldats et 650 flibustiers.

Arrivés devant Carthagène, Vincent et Ollivier participèrent à l’assaut du 20 avril 1697 .

La ville fut mise à sac avec un butin considérable. Mais Ollivier et ses compagnons de la flibuste, s’estimant lésés dans le partage, dont les règles avaient pourtant été fixées devant l’église de Petit-Goave avant l’embarquement, la pillèrent une seconde fois. Au total, les Français s’approprièrent 20 millions de livres (près de 100 millions d’euros).

Vincent, fortune faite, voulut rentrer à Saint-Domingue, et s’embarqua sur un navire civil. Malheureusement pour lui, le navire fut attaqué sur le chemin du retour par des corsaires.

Vincent fut pris, dépouillé et, avec 16 de ses compagnons, vendus comme esclaves.

La rançon des prisonniers fut payée par des Hollandais et Vincent, libéré, débarqua avec les autres rescapés en France, où il fut accueilli en héros et présenté au roi Louis XIV qui lui fit cadeau d’une épée.

Vincent Ollivier (il portait désormais le nom de son ancien maître) ayant pris goût à la vie militaire, s’engagea dans les armées du maréchal de Villars et combattit sous ses ordres en Allemagne avec rang d’officier.

Ses campagnes finies, le soldat voulut revoir Saint-Domingue.

Là encore, tout auréolé de ses exploits, il fut accueilli en héros. Le marquis de Chateau-Morand, en 1716, le nomma capitaine général des milices de couleur de la colonie, d’où son surnom de capitaine Vincent.

Le capitaine Vincent acheta une petite propriété et bénéficiait d’une pension. Il était très apprécié à Saint-Domingue et reçu partout, y compris à la table du gouverneur, le comte d’Argout.

Les plus racistes admettent qu’il était parvenu « à rendre le préjugé muet ».

L’année qui précéda sa mort, le capitaine Vincent, alors âgé de 119 ans, encouragea nombre d’Afro-descendants à s’enrôler dans les troupes qui, 82 ans après l’expédition de Carthagène, volèrent au secours des Insurgents américains en difficulté devant Savannah.

Parmi les volontaires de Savannah, encouragés par l’exemple du vieux capitaine Vincent, qui portait toujours l’épée que lui avait donné le roi, se trouvaient nombre de jeunes braves qui, plus tard, auraient raison des troupes esclavagistes napoléoniennes.

 

 

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