Bois Caïman

Bois Caïman

La nuit du 14 au 15 août 1791 est un tournant dans l’histoire de l’humanité.

Cette nuit-là, de nombreux esclaves des grandes plantations sucrières du nord de Saint-Domingue (République d’Haïti) se réunirent au lieu dit Bois Caïman sur la plantation Lenormand de Mézy et, pour se donner du courage, organisèrent une cérémonie vaudou au cours de laquelle les participants sacrifièrent un cochon noir et burent son sang.

Cette prière aurait été prononcée.

Le dieu qui a créé la terre, qui a créé le soleil qui nous donne la lumière.
Le dieu qui détient les océans, qui assure le rugissement du tonnerre.
Dieu qui a des oreilles pour entendre : toi qui es caché dans les nuages, qui nous montre d’où nous sommes, tu vois que le blanc nous a fait souffrir.
Le Dieu de l’homme blanc lui demande de commettre des crimes.
Mais le Dieu à l’intérieur de nous veut que nous fassions le bien.
Notre dieu, qui est si bon, si juste, nous ordonne de nous venger de nos torts.
C’est lui qui dirigera nos armes et nous apportera la victoire.
C’est lui qui va nous aider.
Nous devrions tous rejeter l’image du dieu de l’homme blanc qui est si impitoyable.

Écoutez la voix de la liberté qui chante dans tous nos cœurs !

Le vaudou est une religion importée d’Afrique – officiellement reconnue en Haïti – qui permit aux esclaves déportés de résister secrètement malgré les pressions mentales de leurs tortionnaires.

Le vaudou – les esclaves réunis ce soir là le savaient bien – a toujours terrorisé les Européens.

Ensuite, les conjurés se séparèrent et ce qui était prévisible depuis que Richelieu, 149 ans plus tôt, avait officieusement autorisé l’esclavage, arriva.

Huit jours après la cérémonie, dans la nuit du 22 au 23 août 1791 (ou du 21 au 22 selon certaines versions) les esclaves  des cinq plus grandes habitations de la région se soulevèrent.

Au son du tambour et du lambi, ils brûlèrent plus de mille propriétés et, répondant à la terreur par la terreur, massacrèrent systématiquement tous les Européens qu’ils rencontrèrent, femmes et enfants compris.

Les révolutionnaires, commandés par Dutty Boukman, secondé par Jean-François Papillon, Georges Biassou et Toussaint, progressèrent jusque vers le Cap où ils affrontèrent l’armée esclavagiste.

Leur défaite ne fut que provisoire. Les troubles ne cessèrent pas. Et l’on peut considérer que la cérémonie du Bois Caïman marque la fin de l’esclavage en Haïti et peut-être de l’esclavage tout court.

Dessalines allait reprendre le même slogan radical en 1802 : « Koupé Têt ! Bwilé Kay ! »

« Coupez les têtes, brulez les maisons ! »

C’est pourquoi l’Unesco a choisi le 23 août, une date qui marque l’apogée de l’insurrection générale comme journée du souvenir de la traite raciste européenne.

 

Une réaction au sujet de « Bois Caïman »

  1. Puisqu’il n’y a pas et n’a jamais existé de caïman dans cette région du pays, c »est plutôt dans les BWA KAY IMAM (bois près de cheZ l’Imam).
    On a longtemps osculté la présence des negro-musulmans parmi le Africains faits esclaves dans les Amériques.
    Duty Bookman (L’Homme au Livre) était de ceux-la. C’etait un esclave rebelle vendu/venu de la Jamaïque. La petite histoire rapporte que son nom vient du fait qu’on le voyait souvent lire un livre « tête en bas »; l’arabe se lisant de droite à gauche.
    Des vestiges musulmans sont encore visibles sur les tombes et caveaux familiaux à Cap-Rouge, en dehors de Jacmel.

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