Un centre Dumas à Paris place du général-Catroux dans l’hôtel Gaillard

Un centre Dumas à Paris place du général-Catroux dans l’hôtel Gaillard

Un Centre Dumas à Paris place du général-Catroux dans l’hôtel Gaillard ? C’est le projet porté depuis 2002 par l’écrivain Claude Ribbe et l’association des amis du général Dumas qu’il préside.

L’hôtel Gaillard, d’une superficie de plus de 6000 m2 , appartient à la Banque de France.

Il fut construit en 1878 pour le banquier grenoblois Émile Gaillard et acheté en 1921 par la banque de France qui en fit une succursale de luxe.

Le bâtiment – classé en 1999 – n’est plus utilisé depuis des décennies par la banque de France qui a longtemps cherché à le vendre, provoquant une levée de boucliers d’associations défendant le patrimoine parisien et souhaitant que ce bâtiment exceptionnel serve de cadre à un projet culturel, au lieu d’être divisé en appartements de prestige.

En 2008, lorsque Dominique Strauss-Kahn a été nommé directeur général du FMI à Washington son frère, Marc-Olivier,  employé à la banque de France fut promu à la tête d’ une antenne très controversée à Washington.

En mai 2011, après les accusations de viol portées par une femme de chambre afro-américaine contre Dominique Strauss-Kahn et la démission de ce dernier du FMI, la Banque de France a rapatrié Marc-Olivier Strauss-Kahn et lancé un projet de « centre de l’économie et de la monnaie » dont la présidence lui a été confiée.

Il semblerait que ce projet soit la principale activité de Marc-Olivier Strauss-Kahn.

Il a pourtant suscité de nombreuses interrogations et critiques. Il ferait double emploi avec l’hôtel de la Monnaie qui existe déjà, s’autofinance, se visite et abrite la Monnaie de Paris, la plus vieille institution de France puisqu’elle fut créée en 864 par Charles le Chauve. Ne répondant à aucun besoin légitime, ce centre de l’économie et de la monnaie n’attirerait qu’un public captif de 50 000 lycéens (ce qui suppose une autorisation ministérielle).

Bref, en dehors de la famille Strauss-Kahn (par renvoi d’ascenseur de son frère, on peut imaginer que Dominique Strauss-Kahn vienne donner des conférences à la cité de l’économie et de la monnaie…) ce projet ne bénéficie à personne.

La Banque de France a pourtant annoncé son intention d’allouer aux travaux un budget de 30 millions, tout en restant discrète sur le budget de fonctionnement.

Ce financement serait prélevé sur les dividendes que la banque est censée verser au Trésor, c’est à dire sur les fonds publics.

Le projet, initié par Christian Noyer, avait été annoncé initialement pour 2015, puis repoussé en 2016. Il est désormais annoncé pour 2018, des travaux de désamiantage du bâtiment ayant commencé.

Aussitôt nommé par François Hollande, le nouveau gouverneur de la banque de France, François Villeroy de Galhau, qui s’était déclaré « incompétent » à propos de l’hôtel Gaillard lorsqu’il avait été auditionné par les parlementaires, a validé le projet de cité de l’économie et de la monnaie, adressant à l’association des amis du général Dumas qui l’avait sollicité pour un rendez-vous une lettre en date du 12 novembre 2015 où il est affirmé sèchement :

« la banque de France, institution de la République, n’ayant jamais, au cours de son histoire, été amenée à participer à l’esclavage. »

C’est là une grossière contrevérité. Presque une provocation.

François Hollande, qui a nommé François Villeroy de Galhau (ancien de BNP Parisbas) et a très certainement validé le projet de Cité « du Fric et de la Finance », défendu par la banque de France, avait pourtant affirmé au Bourget, pour se faire élire,  le 22 janvier 2012: « mon principal ennemi, c’est le monde de la finance ! »

Malgré ces déclarations électorales, la réalité, c’est que François Hollande a pris un associé de la banque Rothschild – Emmanuel Macron – comme conseiller économique et qu’il l’a ensuite promu ministre des finances, avant que l’intéressé ne démissionne pour se lancer dans la course à la présidence de la République en 2017.

C’est à un  autre banquier, un Franco-Béninois, ancien de la banque Rothschild, Lionel Zinsou, candidat malheureux à la présidence de la République du Bénin, et patron d’un fonds d’investissement, que François Hollande a confié le 10 mai 2016 une « mission » tendant à une « fondation pour l’esclavage ».

Le centriste François Bayrou, le 7 septembre 2016, a exprimé une position qui tranche avec cette politique de mélange des genres qu’illustre le projet de la banque de France à l’hôtel Gaillard.

 

La Banque de France, créée en 1800 par Napoléon et une poignée de négriers, fut, à ses débuts, très étroitement liée à l’esclavage et à la traite. Elle installa même symboliquement son siège, de 1800 à 1811, à l’ hôtel Massiac, qui était le quartier général du lobby des planteurs racistes, avant de déménager en 1811 pour le fastueux hôtel de Toulouse, tout près de l’hôtel Massiac.

La place du général-Catroux, ancienne place des trois Dumas, est depuis longtemps dédiée à la famille Dumas.

Depuis 2009, et l’installation par la ville de Paris à la demande de Claude Ribbe et de l’association des Amis du général Dumas d’un monument au général-Dumas évoquant l’esclavage, la place du général-Catroux est devenue un lieu de mémoire.

Tous les 10 mai, l’esclavage y est commémoré par une cérémonie organisée à 18 h par l’association.

Le 10 mai 2014, cette cérémonie traditionnelle a été officiellement reconnue par la présence du Premier ministre, de la maire de Paris, de la garde des sceaux, de la ministre des outre-mer, et de nombreux élus de la majorité comme de l’opposition.

Il est légitime que la banque de France affecte l’hôtel Gaillard – qui s’y prête admirablement – à un Centre Dumas qui pourra abriter une maison des Afro-Antillais promise par le président Hollande en mars 2012 (sous le nom de maison de l’outre-mer).

Le refus de la Banque de France de participer à un projet aussi légitime ne peut que provoquer une levée de boucliers de la communauté noire de France.

Le 1er octobre 2014 l’opposition du conseil de Paris a voté une résolution pour mettre en place une mission de préfiguration du centre Dumas à l’hôtel Gaillard.

Cette résolution a été rejetée par la majorité (Socialistes, verts, front de gauche).

La majorité a adopté une contre-proposition : une résolution demandant à l’État de lancer une étude de faisabilité (voeu 2014 V 202). La ville de Paris s’est engagée à participer au Centre Dumas. C’est une avancée considérable.

A la suite de ce voeu, Claude Ribbe a adressé une lettre au président de la République pour lui demandé de mettre en place la mission de faisabilité souhaitée par la ville de Paris.

Manuel Valls a fait écho à cette demande le 10 mai 2015 en se déclarant favorable à l’engagement d’une réflexion pour faire de l’hôtel Gaillard un lieu de mémoire.

Le gouverneur de la banque de France s’est pour l’instant refusé au moindre dialogue, en se retranchant derrière des contrevérités quant au passé esclavagiste de l’institution qu’il préside et préférant glorifier la finance que de réparer les monstruosités de l’histoire.

Dans ces conditions, l’association des amis du général Dumas, soutenue désormais par de très nombreuses associations, ouvre un front uni contre le projet de la banque de France.

Le premier acte a été une pétition lancée le 3 avril 2016 pour que l’hôtel Gaillard devienne le centre Dumas, maison des noirs de France.

Les différents candidats à l’élection présidentielle de 2017 seront interrogés à propos de ce dossier et leur position sera rendue publique.

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