Pourquoi en France parle-t-on de « noirs » mais pas de « jaunes » ?

Pourquoi en France parle-t-on de « noirs » mais pas de « jaunes » ?

L’idée que la couleur de peau déterminerait l’appartenance à une « race », à une communauté « ethnique », à une culture, est solidement ancrée dans la France du XXIe siècle qui, de ce fait, est l’un des pays institutionnellement les plus racistes du monde.

La France admet comme tout à fait pertinent et convenable le fait de parler de « noirs » dans ses institutions officielles (système scolaire et universitaire) et officieuses (médias, presse et édition).

Les associations officiellement fondées sur l’appartenance à la « race noire »  qui ne représentent que quelques extrémistes racistes- au lieu d’être dissoutes, ce que l’application de la loi imposerait – sont considérées comme des interlocuteurs autorisés et représentatifs. Elles sont encouragées par des subventions publiques.

Il est extrêmement courant d’entendre dire que le Président des États-Unis est un « noir ». La plupart des journalistes et correcteurs de maisons d’édition utilisent même la majuscule pour rendre plus officielle encore l’appartenance à cette « race ».

Pourtant, en France, nul n’oserait parler de « jaunes » pour désigner le Premier ministre chinois ou japonais, la communauté asiatique du 13e arrondissement de Paris ou un personnalité politique française d’origine coréenne. Si cette règle non écrite était enfreinte, on crierait – et à juste titre -au racisme.

Que peut-on en conclure ? Que non seulement la France est un pays qui admet institutionnellement la notion de « race » (le Président de la République François Hollande ayant implicitement renoncé à retirer ce mot de la constitution française, malgré ses promesses électorales) mais que la hiérarchie entre les « races », avancée par Jules Ferry pour justifier les conquêtes coloniales, est de fait reconnue.

On peut être frontalement raciste avec les « noirs » qui sont, du point de vue du racisme institutionnel français, au plus bas degré de l’échelle humaine. Aucun problème quand il s’agit d’assigner un individu à la catégorie raciale du « noir » inférieure du seul fait de son apparence (même si la majorité ou seulement la moitié de ses ancêtres sont euro-descendants, on lui refusera toute origine européenne).

On aura en revanche des égards avec les « jaunes », qui font partie d’une « race » supérieure à celle des « noirs », quoique inférieure à celle des « blancs ». Et, de ce fait, on ne les désignera pas publiquement comme tels.

 

6 réactions au sujet de « Pourquoi en France parle-t-on de « noirs » mais pas de « jaunes » ? »

  1. Et pourquoi seulement afro-descendant quand on est issu de la traite négrière et qu’on sait être aussi euro-descendant ainsi qu’asiato-descendant et que par ailleurs nous savons que les homo sapiens ont tous la même origine
    que la racine commune à tous les humains qui appartiennent à la même race d’hominidé est l’Afrique. Ne soyons pas aussi mesquins que ceux qui sont « dégénérés » et admettons que tout humain est afro descendant, puisque nous le savons.

  2. C’est un fait ! En France , le vocabulaire concernant les Africains au Sud du Maghreb a évolué avec le temps et il est assez varié. Cependant, j’ai toujours entendu parler de « jaunes », mais à voix basse, avec le même mépris que lorsqu’il est question d’arabes ou de juifs. Il est intéressant de se rappeler que si vous déménagiez, il y a soixante ans, du Sud de Toulouse , vers le Nord de Toulouse , en ne bougeant que de 30 km , plus personne ne vous adressait la parole ! On peut le vérifier auprès des personnes âgées. Comment faire comprendre à toute la population que c’est un non-sens ?

  3. Article très pertinent. J’ai toujours essayé de tirer la sonnette d’alarme sur cet état de choses, mais il n’y a pas beaucoup de gens qui le comprennent. Le fait de désigner des peuples issus de milieu géographiques différents par la couleur est hérité de la théorie de la hiérarchisation des races. La plus basse catégorie étant la plus sombre ( les noirs), plus on avance dans l’humanité plus notre couleur de peau devient claire, donc ensuite viennent les rouges, après les jaunes, qui sont plus clairs que les rouges, et afin lorsqu’on atteint la perfection on est blanc…

    1. Une autre question pourrait être posée : pourquoi d’autres hommes ayant la peau noire ne sont pas qualifiés de « noirs ». Tous les habitants de l’Inde du sud, du Sri Lanka, ont des populations parfois plus « foncées » de peau que certains Afro-descendants. Mais on les appelle « Indiens », « Hindous », « Sri lankais »: une simple et juste dénomination géographique.
      La dénomination « noirs » est réservée aux Africains et aux Afro-descendants.
      Pourquoi parle t on d’Afrique « noire » et pas d’Asie « jaune » ?
      Pourquoi parle t on d' »art nègre  » ? Y a t il un « art blanc », un » art jaune  » ?

      Noir, black est une façon qui se voudrait polie, donc hypocrite, de dire nègre.

      Définissons-nous tout simplement comme Africains ou Afro-descendants !

  4. C’est aux gens « signalés comme noirs » de faire en sorte qu’ils soient appelés du nom de leur origine géographique et continentale, c’est à dire « Africains et descendants d’Africains » !

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