Pourquoi certains hommes sont-ils « noirs » ?

Pourquoi certains hommes sont-ils « noirs » ?

Pourquoi certains hommes sont-ils « noirs » ?

La question est stupide, parce qu’il n’y a pas d’hommes noirs ni d’hommes blancs mais simplement des hommes. L’histoire de cette question stupide et de ses réponses est néanmoins intéressante.

La question est stupide dans la mesure où elle a été réglée – en ce qui concerne la philosophie occidentale – il y a deux mille cinq cents ans avec une confirmation scientifique récente.

Aristote, philosophe grec dont l’influence s’est fait sentir en Occident jusqu’au 17e siècle, a coupé court à ce type de question en posant une autre question beaucoup plus fondamentale :

Qu’est-ce qui fait qu’un homme est un homme ?

Non pas la couleur de sa peau mais le fait qu’il soit un animal doué de raison. Tout animal doué de raison est un homme et, dès lors : il vit en société, il communique par le langage, il rit. Autant de choses que ni les animaux, ni les machines (les ordinateurs) ne sont capables de faire. Partant de ce principe très simple, la couleur de la peau d’un homme devient une question sinon stupide du moins accessoire. Les questions accessoires relèvent de l’expérimentation scientifique et la science est venue démontrer récemment, confirmant la démonstration philosophique d’Aristote, que les hommes ont tous la même origine géographique (qu’on peut situer en Afrique) et un potentiel génétique similaire.

Dès lors, la question de la couleur de la peau s’explique très simplement par l’évolution, du fait de la sélection naturelle – sur une période de 10 000 ans – des populations vivant sous des latitudes où le rayonnement du soleil est moins intense. Le potentiel commun reste exactement le même. Les seules différences sont des différences de détail. Elles s’effacent très rapidement (en trois générations) si les populations se mélangent à nouveau.

La démonstration d’Aristote, renforcée par l’autorité du dogme chrétien, universaliste, a été incontestée en Occident pendant deux mille ans- jusqu’au 17e siècle- protégeant les populations du Nord de toute dérive raciste (ce qui n’a pas empêché les tensions entre chrétiens et musulmans, et le rejet, parfois, de certaines populations vivant en Occident et qui ne souhaitaient pas être assimilées au monde chrétien).

Au 17e siècle, cette démonstration a été remise en cause par le développement de l’esprit scientifique (l’affranchissement des sciences par rapport à la philosophie et l’affranchissement de la philosophie par rapport à la religion).

Cette révolution a été conjuguée au développement des voyages maritimes (grâce à l’utilisation systématique, dès le XIIIe siècle, de la boussole, invention chinoise du Xe siècle popularisée dans le monde musulman au XIe siècle).

De ce fait, les populations habitant les régions les plus inhospitalières – qui avaient le plus intérêt à changer de pays – ont eu tendance à refluer vers les plus ensoleillées et, ainsi, à rencontrer des populations ayant eu une évolution différente, avec des mœurs et une apparence dissemblables. En fait, ils retrouvaient le « paradis perdu » que leurs ancêtres avaient quitté : un mythe récurrent dans la pensée occidentale.

Il faut convenir que, particulièrement depuis le 17e siècle, l’attitude des populations venues du Nord a été systématiquement prédatrice, violente, arrogante, en un mot barbare. La réaction à la découverte d’autres hommes n’a été liée qu’au parti immédiat qu’il était possible d’en tirer en se servant d’eux comme des animaux et non pas en les reconnaissant comme d’autres hommes dont l’expérience pourrait être enrichissante.

Ainsi, la question « pourquoi certains hommes sont « noirs » ? » pourrait être utilement reposée en la formulant différemment : « pourquoi certains hommes sont-ils devenus blancs (de peau) ? » en quittant cette Afrique – qui continue de les fasciner – afin d’explorer le reste du monde ?

Il est probable que le racisme, fléau du XXIe siècle d’autant plus dangereux qu’il est nié, n’est qu’une période – engagée depuis 1660 – dans l’évolution d’une humanité dont la tendance est certainement de revenir à l’unité originelle.

Mais il est également possible qu’en dépit de l’évolution fulgurante des techniques, l’histoire de l’humanité soit entrée dans une phase tragique, du fait de la distorsion entre cette évolution des techniques et le piétinement de la spiritualité. Car enfin si une question majeure – ce qui fait qu’un homme est un homme – facilement réglée au IVe siècle avant Jésus-Christ, est redevenue un problème au XXIe siècle après Jésus-Christ, il serait temps de se demander en quoi consiste exactement le progrès.

En ce sens, l’épisode du nazisme serait un avertissement. Heureusement, d’autres philosophes occidentaux, au cours de cette phase tragique, et notamment Rousseau, ont décelé, dans la nature humaine, une autre spécificité : l’homme est non seulement un animal raisonnable, mais aussi un animal perfectible. Et tout espoir n’est peut-être pas perdu.

 

© Une Autre Histoire 2013

4 réactions au sujet de « Pourquoi certains hommes sont-ils « noirs » ? »

  1. La question raciale et les tensions ainsi que les affrontements inhumains qui en dérivent sont une aberration hélas bien humaine.

    Africain d’origine vivant aux USA depuis plus de treize ans, voici ce que j’ai constaté et qui m’a beaucoup étonné.

    Ma fille est née ici. Sa mère est d’Afrique de l’Ouest comme moi. La petite a cru pendant plus de deux ans que notre voisin,un vieil homme blanc, était le père de sa mère.

    Et pourtant le contraste était flagrant : sa mère a la peau noire, moi aussi et le vieil homme a la peau blanche.

    Mais elle ne percevait pas de différence.

    Je vais en rediscuter avec ma fille pour voir pourquoi elle ne considère plus le vieil homme comme le père de sa mère, à présent…

  2. Avec les enfants et les jeunes adolescents, quand ils n’ont pas encore été « nourris » à l’idée de « race », il y a un truc infaillible pour leur faire réaliser que « blanc », « noir », « jaune » et « rouge » sont des concepts et pas des couleurs de peau.

    Posez la question: : De quelle couleur sont les enfants de gens qu’on dit « blanc » et « noir » ?

    D’abord, vous constaterez que la pensée raciale est bien ancrée, car plusieurs d’entre eux répondront « métis ».

    Alors redemandez : « Non, non, de quelle couleur ? »

    Vous aurez quelques propositions, puis une réponse « juste » ou bien vous serez obligé de redire : « de parents dits « blanc » et « noir » ? ». Et la réponse va sortir: « gris ! »

    Après on peut s’amuser avec les enfants de « jaune » et rouge » … ou « jaune » et « blanc », ou « blanc » et « rouge » ou « rouge » et « noir » etc… pour en remettre une bonne couche sur la stupidité de l’idée de race et des labellisations qu’elle a entraînées.

    1. Darwin avait une approche scientifique qui consistait à remettre en question point par point les affirmations des racistes.

      Les « Social Darwinists » ont ensuite détourné les idées de Darwin à leur propre compte.

      Si je retrouve les textes où Darwin est cité à ce sujet (quand j’aurai ouvert tous les cartons de mon déménagement), je vous traduirai quelques extraits.

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