Christiane Taubira

Christiane Taubira

Christiane Taubira est une économiste et femme politique française, afro-descendante, née le 2 février 1952 à Cayenne (département de la Guyane).

D’abord indépendantiste, elle est élue députée de la Guyane en 1993.

Candidate du Parti radical de gauche à l’élection présidentielle de 2002, elle obtient 2,32 % des suffrages.

Au mois de mai 2010, elle fait adopter une proposition de loi reconnaissant l’esclavage crime contre l’humanité.

Christiane Taubira a été nommée garde des Sceaux, ministre de la Justice, le 16 mai 2012, poste qu’elle occupé jusqu’à sa démission, le 27 janvier 2016, parce qu’elle était en désaccord avec le projet de loi sur la déchéance de nationalité portée par le gouvernement de Manuel Valls.

Le passage au gouvernement de Christiane Taubira a surtout été marqué par le fait qu’elle a porté la loi sur le mariage pour tous et qu’elle a été la cible de nombreuses attaques racistes auxquelles cette loi a servi de prétexte principal, le prétexte secondaire étant un prétendu laxisme dans sa gestion du système judiciaire et pénitentiaire.

Le 17 octobre 2013, une candidate présentée par le Front national à Rethel (Ardennes) s’est exprimée au cours de l’émission Complément d’enquête sur France 2 pour avoir mis en ligne un photo-montage comparant Christiane Taubira, garde des Sceaux, ministre de la Justice de la France, à un singe.

Le 25 octobre, lors d’un déplacement à Angers, Christiane Taubira était traitée de « ‘guenon » par des enfants agitant des peaux de banane, dans le cadre d’une manifestation hostile au mariage pour tous.

La classe politique est restée très discrète sur cette affaire pendant deux semaines, tandis que la candidate de Rethel était exclue du Front national.

Une enquête préliminaire a fini par être ouverte. La coupable, renvoyée devant le tribunal correctionnel a été relaxée.

Le passage de l’émission de France 2 où la candidate du FN s’explique sur sa comparaison

(diffusion 17 octobre 2013)

 

Lors de son passage au gouvernement, Christiane Taubira a été principalement critiquée pour avoir porté, en 2012-2013, la loi sur le mariage pour tous.

Mais la loi de 2001 sur l’esclavage était également visée à travers sa personne.

Le 10 mai 2001 était adoptée par la France, au Sénat, sur proposition de Christiane Taubira, députée de la Guyane, une loi reconnaissant « que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité. »

Le seul effet concret de cette loi, purement symbolique, est de mettre en place un comité chargé de proposer, sur l’ensemble du territoire national, des lieux et des actions qui garantissent la pérennité de la mémoire de ce crime à travers les générations.

Un décret a prévu que ce comité propose au Président de la République une date de commémoration nationale qui a été fixée en 2006 au 10 mai.

Depuis 2006, une cérémonie est organisée le 10 mai au jardin du Luxembourg qui réunit officiels et élus.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette commémoration – glaciale – est loin de faire l’unanimité.

Quant au comité, composé de personnalités n’ayant pour certaines  aucune légitimité , il  a été très critiqué.

Après une période de 3 ans, durant laquelle la loi ne fut pas appliquée, le comité pour la mémoire de l’esclavage a été mis en place en janvier 2004. La date fut choisie pour contrer les efforts de la République d’Haïti en vue de célébrer le bicentenaire de son indépendance, une commémoration qui était susceptible de faire ressurgir la question de la restitution de la somme imposée par la France aux Haïtiens et la question des réparations pour l’esclavage. Une commission, présidée par l’écrivain Régis Debray, avait du reste été mise en place par le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Dominique de Villepin, grand admirateur de Napoléon, pour déstabiliser le gouvernement haïtien dans sa démarche mémorielle. Certains observateurs ont même assuré que la commission Debray était destinée à appuyer un coup d’État contre le président élu.

Deux membres de cette commission controversée, Myriam Cottias et Marcel Dorigny, furent nommés membres du comité pour la mémoire de l’esclavage en janvier 2004, lors de son installation.

Le comité pour la mémoire de l’esclavage fut présidé dans un premier temps par l’écrivaine Maryse Condé. Après sa démission, elle fut remplacée par François Vergès, descendante d’une puissante famille esclavagiste de la Réunion.

Le comité pour la mémoire de l’esclavage a été réformé en 2009 pour devenir comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, afin d’en atténuer le côté mémoriel et d’en écarter les associations.

En mai 2013, le comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage est devenu comité national pour la mémoire et l’histoire e l’esclavage.

La présidence en a été confiée à Myriam Cottias, qui siégeait dans ce comité depuis déjà 9 ans, et qui avait fait partie de la commission Debray, envoyée par Dominique de Villepin en 2003 pour déstabiliser le bicentenaire d’Haïti.

La volonté a été jusqu’ici de minimiser le rôle du comité et d’écarter de sa présidence les personnes disposant d’une écoute et pouvant s’affirmer descendantes d’esclaves.

Dans sa première mouture, la proposition de loi introduite par Christiane Taubira était pourtant audacieuse.

Elle avait été déposée le 22 décembre 1998. Elle ne concernait que les populations africaines. La loi a rajouté : amérindiennes, malgaches et indiennes.

Un comité de personnalités qualifiées devait être chargé de « déterminer le préjudice subi et d’examiner les conditions de réparation due au titre de ce crime. »

La question du préjudice et des réparations a disparu dans le texte voté.

La traite menée par l’Europe contre les Africains était décrite dans le projet initial comme « la plus longue et la plus massive déportation de l’histoire de l’humanité ». Cette qualification a disparu dans la loi.

Une disposition pénale de contestation de l’existence du crime contre l’humanité constitué par l’esclavage des Africains devait compléter la loi sur la presse de 1881 était prévue. Cette disposition répressive a disparu.

Le texte initial de la loi Taubira

Article 1er

La République française reconnaît que la traite négrière transa tlantique et l’esclavage, perpétrés à partir du xve siècle par les puissances européennes contre les populations africaines déportées en Europe, aux Amériques et dans l’océan Indien, constituent un crime contre l’humanité.

Article 2

Les manuels scolaires et les programmes de recherche en histoire et en sciences humaines accorderont à la plus longue et la plus massive déportation de l’histoire de l’humanité la place conséquente qu’elle mérite. La coopération qui permettra de mettre en articulation les archives écrites disponibles en Europe avec les sources orales et les connaissances archéologiques accumulées en Afrique, dans les Amériques, aux Caraïbes et dans tous les autres territoires ayant connu l’esclavage sera encouragée et favorisée.

Article 3

Une requête en reconnaissance de la traite négrière transatlantique et de l’esclavage comme crime contre l’humanité sera introduite auprès de l’Union européenne, des organisations internationales et de l’Organisation des Nations unies.

Article 4

Le 8 février de chaque année rappellera le Congrès de Vienne de 1815, au cours duquel les nations européennes condamnèrent solennellement la traite négrière transatlantique comme « répugnant au principe d’humanité et de morale universelle ». Toutes démarches seront entreprises pour inciter les nations libres à adopter cette date pour commémoration internationale.

Article 5

Il est instauré un comité de personnalités qualifiées chargées de déterminer le préjudice subi et d’examiner les conditions de réparation due au titre de ce crime. Les compétences et les missions de ce comité seront fixées par décret en Conseil d’Etat.

Article 6

Il est inséré, après l’article 24bis de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, un article 24ter ainsi rédigé :

 » Art. 24 ter. -Seront punis des peines prévues à l’article 24bis ceux qui auront contesté par un moyen énoncé à l’article 23 l’existence du crime contre l’humanité défini à l’article premier de la présente proposition de loi. »

Article 7

Il est inséré, après l’article 48-2 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, un article 48-2-1 ainsi rédigé :

 » Art. 48-2-1. – Toute association régulièrement déclarée depuis au moins deux ans à la date des faits dont les statuts stipulent la défense des intérêts moraux, la mémoire des esclaves et l’honneur de leurs descendants peut exercer les droits reconnus à la partie civile en ce qui concerne l’apologie des crimes contre l’humanité tels qu’ils sont établis par l’article 24ter. »

 

2 réactions au sujet de « Christiane Taubira »

  1. Je ne sais pas trop où placer ce message, mais cela me semble important de le dire : merci beaucoup pour ces « autres histoires » quotidiennes et ces portraits.

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