Jean-Bédel Bokassa (1921-1996)
Jean Bédel Bokassa est le fils d’un homme qui a été exécuté pour rébellion au travail forcé par l’administration coloniale française et d’une femme qui s’est suicidée après cet assassinat légal.
Recueilli par des missionnaires, il s’engagea dans l’armée française en 1939 et participa au débarquement de Provence (15 août 1944), aux guerres d’Indochine et d’Algérie, terminant décoré de la Légion d’honneur et avec le grade de capitaine.
Au moment de l’indépendance de la Centrafrique, sous la présidence de son cousin David Dacko, Bokassa fut envoyé par la France comme conseiller militaire avant de devenir chef d’État-major.
En 1965, Bokassa renversa Dacko et devint président avec le soutien de la France à cause des mines d’uranium de la Centrafrique, nécessaires aux activités du commissariat à l’énergie atomique.
Mais l’agent français qu’était Bokassa devint vite difficile à contrôler.
Autoproclamé président à vie en 1972, Bokassa se fit musulman en 1976 et se rapprocha de Khadafi.
Parodiant Napoléon – dont il avait adopté les méthodes dictatoriales – il se fit couronner empereur le 4 décembre 1977.
Devenu dérangeant, surtout à cause de son rapprochement avec Khadafi, Bokassa fut renversé par une opération militaire française le 20 septembre 1979, alors qu’il se trouvait en Lybie.
Les opérations « Caban » et « Barracuda » furent appuyées par une campagne négrophobe de grande envergure largement relayée par la presse française : l’ex-ami de la France, devenu un dictateur cruel et sanguinaire, fut même accusé de cannibalisme.
En octobre 1979, la presse française révéla que Bokassa avait approvisionné en diamants au président français Valéry Giscard d’Estaing, ce qui contribua à empêcher la réélection de ce dernier en 1981.
Revenu à Bangui en 1986, il fut emprisonné, amnistié en 1993 et finalement réhabilité à titre posthume en 2010.
Quant à Valéry Giscard d’Estaing, qui se piquait de littérature, il a été élu à l’Académie française.
Une réaction au sujet de « Jean-Bédel Bokassa (1921-1996) »
Il est fréquent que la presse travestisse en dictateur tout noir au pouvoir.
Jean-Bedel Bokassa a sans doute, exagéré et mérité sa destitution.
Mais le fait d’être voué aux gémonies ne « blanchit » aucunement les complicités européennes du début de son règne.