Martinique 1870 : la grande insurrection du sud

Martinique 1870 : la grande insurrection du sud

En septembre 1870, une grande insurrection a eu lieu dans le sud de la Martinique qui a bien failli aboutir à l’indépendance.

Tout commence en février 1870. Léopold Lubin, un  jeune Afro-descendant, entrepreneur de travaux publics du Marin, se rend à cheval sur le chantier destiné à construire un canal sur la sucrerie du Marin lorsqu’il croise en sens inverse, sur un chemin étroit, deux autres cavaliers : un béké,  Pellet de Lautrec, accompagné d’un aide-commissaire de la Marine particulièrement arrogant, Augier de Maintenon, qui ordonne à Lubin de lui laisser le passage et de le saluer. Comme Lubin reste indifférent, il est jeté à terre et cravaché.

Lubin veut déposer plainte. Mais comme on refuse de l’enregistrer, le 25 avril, retrouvant Augier de Maintenon, il lui rend ses coups de cravache sur le chemin de la messe.

Aussitôt arrêté, Lubin est condamné par la cour d’Assises de Fort-de-France à 5 ans de bagne avec déportation en Guyane et à une lourde amende.

L’annonce du rejet du pourvoi en cassation de Lubin et la proclamation de la République déclenchent une insurrection qui se déclare d’abord à Rivière-Pilote, au son du lambi, le 22 septembre. Plusieurs habitations sont brûlées par un millier d’émeutiers. L’insurrection s’étend bientôt à tout le sud. L’état d’urgence est proclamé dans 15 communes. Les békés, effrayés, constituent des milices. On leur distribue des fusils. L’armée est mobilisée. Après des affrontements qui dispersent le camp retranché où sont réfugiés les révoltés, qui ne disposent que de quelques fusils, de cailloux, et de bouteilles d’eau pimentée, la chasse à l’homme commence. L’insurrection se poursuit néanmoins jusqu’au 26 septembre. Avec des prolongements sporadiques jusqu’au début d’octobre.

Au total, 500 émeutiers sont arrêtés et plus d’une dizaine abattus.

Les prisonniers passent en avril-mai 1871  devant un conseil de guerre qui prononce 75 condamnations dont 8 condamnations à mort, aussitôt exécutées par fusillade, 28 condamnations aux travaux forcés à perpétuité, 10 condamnations à la déportation, 33 condamnations à des peines de travaux forcés allant de 10 à 20 ans.

Parmi les condamnés, l’héroïne martiniquaise Marie-Philomène Roptus, surnommée Lumina Sophie ou encore Surprise, une jeune couturière de 21 ans, condamnée au bagne à perpétuité alors qu’elle est enceinte.

On lui prête ces mots :

« Le Bon Dieu aurait une case sur la terre que je la brûlerais car Dieu n’est sûrement qu’un vieux béké. »

Schoelcher déclarera que les insurgés de Martinique n’étaient qu’un ramassis de brigands. Mais leur lutte reste gravée dans la mémoire collective des Martiniquais.

 

 

 

 

 

 

l’aide-commissaire de la Marine Augier de Maintenon frappe de sa cravache

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