Angela Davis

Angela Davis

Angela Davis, arrière petite-fille d’esclaves, est née en 1944 à Birmingham (Alabama).

Poursuivant ses études secondaires à New York à la fin des années 50, elle lit Marx et s’engage dans la lutte pour les droits civiques. Étudiante à l’université Brandeis dans le Massachusets, elle apprend le français et s’inscrit en philosophie.

En 1963, après un court séjour en France, elle part étudier la philosophie à Francfort avant de revenir soutenir sa thèse à l’université de San Diego, en Californie, sous la direction du philosophe allemand Herbert Marcuse, qui propose une lecture marxiste de Freud et passe, à cette époque, pour le théoricien de la libération sexuelle.

Féministe, elle s’engage dans une voie marxiste, ce qui la démarque des militants afro-américains de cette époque, qui considèrent le marxisme comme une affaire d’Euro-descendants.

Enseignante en 1969 à l’université de Los Angeles (UCLA) Angela Davis en sera renvoyée, du fait de son adhésion à la fois au Black Panther Party et au Parti Communiste.

Suite à une tournée militante à Cuba, elle est inquiétée, avec d’autres activistes, par les autorités françaises, lors de son arrivée à Basse-Terre (Guadeloupe), sous le prétexte que des Portoricains qui l’accompagnent ont, dans leurs bagages, des livres « marxistes » rapportés de Cuba.

Elle n’échappe que de justesse à une arrestation, grâce à l’intervention de l’avocate communiste Gerty Archimède, qui lui permet, à elle et à ses camarades, de repartir.

Le témoignage d’Angela Davis sur ce séjour mouvementé en Guadeloupe :

« [On] nous accusait tous d’être des agents du communisme cubain et d’importer de la propagande pour fomenter une révolution dans cette île tranquille dont les « indigènes » aimaient leurs gouverneurs français et avaient coexisté pacifiquement avec eux depuis tant de décennies. Je pensais en moi-même que cela aurait été une bonne chose de pouvoir, en si peu de temps, fomenter une telle insurrection […] Des hommes en uniforme entrèrent dans la pièce comme s’ils allaient nous arrêter. mais il s’avéra qu’ils voulaient seulement les passeports qui n’avaient pas été encore confisqués. Je leu dis qu’ils n’avaient aucun droit de saisir nos passeports : nous n’avions pas été officiellement accusés d’un délit. Un des colonialistes annonça que nous allions comparaître devant un juge le lendemain matin, qu’il nos ferait la lecture des accusations et instruirait le procès. Si nous ne voulions pas donner nos passeports, nous nous exposions à la prison. Imaginant ce que devaient être les cachots, et nous rendant compte que nous n’avions derrière nous aucun mouvement pour nous soutenir, perdus comme nous l’étions dans cette île des Caraïbes, nous décidâmes de rendre nos passeports et de profiter de notre liberté pour mettre au point les moyens de nous échapper.

Grâce aux contacts du capitaine, quelques Cubains sympathisants qui habitaient l’île, nous rencontrâmes une femme noire, avocate respectée et dirigeante du parti communiste de la Guadeloupe.

Maître Archimède était une grande femme à la peau sombre, aux yeux vifs et au courage indomptable. Je n’oublierai jamais notre première rencontre. Je sentis que j’étais en présence d’une très grande dame. pas un instant je ne doutai qu’elle allait nous sortir de notre mauvaise posture. Mais j’étais tellement impressionnée par sa personnalité, le respect qu’elle attirait à elle en tant que communiste, même de la part des colonialistes que, pendant un certain temps, notre problème me parut secondaire. Si je n’avais écouté que mes désirs, je serais resté sur cette île pour tout apprendre de cette femme.

Les jours suivants, elle négocia opiniâtrement avec les douaniers, la police, les juges. Nous apprîmes qu’il existait une loi qui pouvait être légitimement invoquée – pour autant qu’une loi colonialiste puisse être légitime – pour nous envoyer en prison pour un bon bout de temps. La seule façon de s’en sortir était de faire un compromis : les colonialistes nous autorisaient à quitter l’île à condition que les Portoricains abandonnent leurs livres. Bien sûr, nous protestâmes, mais nous avions gagné la première manche. Notre décision finale fut de prendre les passeports, quitter la Guadeloupe et laisser la question des livres aux mains de maître Archimède, qui promit de faire tout son possible pour les récupérer. »

Angela Davis Autobiographie, édition française, Albin Michel, 1975, pp 192-195

L’été 1970, Angela Davis, qui est dans le collimateur du FBI de Edgar J. Hoover dans le cadre du programme Cointelpro, est accusée de complicité lors d’une prise d’otages meurtrière perpétrée dans un tribunal de Californie.

Angela Davis FBI

Arrêtée le 13 octobre 1970, après quelques semaines de cavale, elle est inculpée début 1971 pour meurtre, kidnapping et conspiration. L’affaire connaît un retentissement mondial et Angela Davis, soutenue en France par Jean-Paul Sartre et Gerty Archimède, accède alors à une telle notoriété que même les Rolling Stones lui dédient une chanson : Sweet Black Angel.

En 1972, Angela Davis, qui risque la peine de mort, est libérée sous caution, puis acquittée.

Outre ses activités d’écriture et d’enseignement, Angela Davis est restée, depuis cette époque,  très engagée, notamment dans les mouvements féministes.

Au printemps 2013, elle a signé un appel critiquant le projet français d’interdire le port du voile islamique dans les crèches.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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